Une main droite imprimée en 3D

Tiens, voilà main droite !

Tiens, voilà main gauche !

Tiens, voilà main droite, main gauche !

Tiens, voilà les deux !

evanhand

Pour une fois, le buzz autour de la prothèse du petit Maxence a bien pris. Nous savions que l’impression 3D faisait marcher les culs-de-jatte et ressuscitait les morts mais l’information n’était partagée que dans le petit milieu des spécialistes. Des geeks timides et en mal de reconnaissance tentaient maladroitement de la diffuser sans succès. Les media institutionnels ne s’emparaient du sujet que lorsqu’ils flairaient  une odeur de souffre, de pourri ou de stupre: avec une imprimante 3D on peut fabriquer des armes!

Aussitôt la machine à débiter des conneries s’emballe, un chef d’escadrille, pour paraphraser Michel Audiard(1), inconnu mais néanmoins député, François Cornut-Gentille, propose de « réguler les imprimantes 3D » .

Par chance, il n’en fût rien et François Cornut-Gentille pût à nouveau, entre deux siestes grassement payées par nos impôts, à réfléchir au meilleur moyen de préparer sa réélection.

Bien sûr l’impression 3D n’est pas la technologie du miracle qu’on nous présente. Elle n’est pas non plus issue des laboratoires de Poudlard. Non, on ne fabrique pas d’arme, on ne fabrique pas de médicament avec une imprimante 3D. Elle ne permet pas non plus d’éviter un toucher rectal pour les hommes à partir de 50 ans. Tout ce que pouvez lire sur les incroyables capacités de ces machines mystérieuses est faux ou grandement exagéré(2).

Cependant, l’impression 3D et notamment tous les récents développements destinés au grand public, offrent une innovation majeure: celle de mettre à la portée de (presque) tout le monde une production d’objets autrefois réservée aux industriels. Cette barrière à l’entrée brisée est une formidable opportunité pour tout besoin de productions confidentielles et par conséquent très onéreuses. Le domaine de la prothèse est l’exemple qui illustre à merveille la révolution générée par l’arrivée de l’impression 3D grand public. En effet, la demande est forte mais le besoin d’adaptabilité l’est tout autant: chaque prothèse est différente.

La main imprimée en 3D offerte à Maxence n’est pas qu’un simple jouet. L’impression 3D permet d’ajouter un côté ludique sans en gréver le coût et sans pour autant nuire aux capacités fonctionnelles de la prothèse: plier le poignet permet de refermer la main. Le reportage de TF1 montre que Maxence s’est rapidement approprié sa prothèse et bien qu’il affirme « pouvoir déjà tout faire sans sa main », il est évident qu’il accroitra ses capacités et son indépendance avec sa prothèse.

 

Comme le souligne tous les media qui ont repris l’information, la prothèse est offerte par l’association e-Nable dont les 5000 adhérents-imprimeurs 3D travaillent bénévolement. Cependant rien n’empêche à la famille de Maxence d’acquérir une imprimante 3D afin de transformer la main ou d’en imprimer d’autres: c’est à la portée de quasiment tout le monde.

Les fichiers de la main de Mayence peuvent être récupérés gratuitement ici. Par ailleurs, il existe de nombreuses variantes que l’on peut trouver sur la fameuse plateforme de partage Thingiverse.

 

Quelques exemples de fichiers de prothèses librement téléchargeables
Quelques exemples de fichiers de prothèses librement téléchargeables

 

Une imprimante 3D n’est pas et ne sera jamais l’équivalent du synthétiseur de StarTrek. Elle ne réalise pas de miracle, elle n’a aucune capacité magique. Elle se contente -et c’est déjà beaucoup- de construire, couche après couche, l’équivalent palpable d’un fichier numérique en 3 dimensions. La révolution induite par cette technologie est qu’elle permet a tout un chacun de produire et de reproduire très facilement et au moindre coût tout objet qui nécessitait auparavant des talents de sculpteur, de maquettiste ainsi que des outils industriels sophistiqués et très couteux.

Il existe encore une barrière, celle de la conception de l’objet numérique. La prothèse de Maxence a du préalablement être modélisée, pièce par pièce, sur un ordinateur. Cette phase est encore affaire de spécialistes. Cependant une fois les fichiers générés et mis en ligne, tout possesseur d’imprimante 3D peut reproduire à l’infini, la fameuse prothèse.

 

 

(1) « Le jour où les cons voleront, tu seras chef d’escadrille »

(2) La culasse d’une arme ne peut-être réalisée par impression 3D, elle serait bien  trop fragile. Les « imprimantes 3D »  qui fabriquent des médicaments sont totalement hors de portée du public.