Choisir son imprimante 3D: libre ou propriétaire?
Il s’agit d’un phénomène bien connu dans l’industrie que nous subissons tous au travers des exemples comme les imprimantes 2D ou les machines à café. Les appareils sont vendus à des prix bien inférieurs à leur prix de revient mais les consommables sont vendus à prix d’or.
Pour arriver à une telle prouesse, il faut bien évidemment que l’utilisateur ne puissent pas utiliser un autre consommable que celui de la marque. Celle-ci se protège par une bardée de brevets, un design particulier fort éloigné des standards, par le secret, etc.
La ficelle semble grosse mais pourtant cette technique commerciale douteuse fonctionne et quelques acteurs majeurs de l’industrie de l’impression 3D l’ont pleinement intégrée à leur gestion marketing.
Cette offre présente-t-elle des avantages? Quels sont les argument commerciaux des marques? Ceux-ci sont-ils crédibles?
Les marques doivent s’appuyer sur trois arguments essentiels:
- le prix,
- les performances du matériel,
- intégration et adéquation parfaites entre le matériel et les consommables.
Notez que la qualité et la fiabilité importent peu puisque le matériel ne vaut « rien » pour l’utilisateur et que celui-ci le considère également comme un consommable.
Sans doute vous souvenez-vous de ces imprimantes à jet d’encre programmées pour s’arrêter de fonctionner après un certains nombre d’impressions. Certains idiots ont appelé cette technique de « l’obsolescence programmée ». C’est absurde puisque le but du constructeur n’était pas d’obliger le consommateur à changer de machine puisque -rappelons le- l’appareil est vendu à perte, mais à empêcher l’imprimante de produire un résultat dégradé, l’usure rapide mettant à mal les performances annoncées.
Par conséquent, si le prix est faible, les chances d’acheter un matériel non fiable est d’autant plus grand.
Cependant pour vendre, un prix faible ne suffit pas. Il est nécessaire de s’approcher, sinon dépasser les performances des meilleures machines du marché.
Un prix bas, des performances au top c’est déjà un succès assuré.
Rappelons que l’objectif est avant tout de vendre du consommable. Il faut vendre un maximum de machines afin de vendre un maximum de consommables, générateurs de fortes marges. Des petits malins sont tentés d’acheter l’alléchante imprimante 3D et de l’utiliser avec des consommables concurrents, souvent bien meilleurs et moins chers.
Outre les protections que j’ai évoquées plus haut, l’argument massue est le suivant: nos machines et nos consommables sont en parfaite adéquation. Nos imprimantes 3D sont réglées en fonction des caractéristiques de nos consommables et si vous voulez obtenir les meilleurs résultats et éviter les soucis, évitez les consommables étrangers, dangereux pour votre matériel. La garantie ne jouera pas en cas de pépin!
Cet argumentation tient-elle la route?
Il faut reconnaitre que oui, il est bien plus simple d’utiliser une imprimante 3D propriétaire avec le consommable associé plutôt qu’une imprimante dite « ouverte » qui accepte n’importe quel filament. Pourquoi? Tout simplement parce qu’avec une imprimante ouverte, il faudra tâtonner et faire de multiple essais avant de trouver les réglages optimaux.
Par conséquent, on peut dire, qu’à priori, un débutant à tout intérêt à acquérir une imprimante propriétaire. Il faut cependant, de mon point de vue, bien peser sa décision d’achat pour au moins deux raisons essentielles:
- les constructeurs d’imprimantes 3D modernes offrent des « profils » de réglages quasi parfaits en fonction de consommables qu’ils recommandent.
- imaginons un instant qu’un constructeur d’une imprimante propriétaire abandonne un modèle et ne fabrique plus les consommables correspondants. Votre imprimante est alors tout de suite inutilisable.
Vous pensez sans doute que l’abandon d’un modèle est une chose qui n’arrive jamais. Or 3D System vient d’abandonner sa fameuse imprimante « Cube » laissant des dizaines de milliers d’utilisateurs sur la carreau, sans aucune solution de secours.
Réfléchissez bien si vous envisagez d’acheter une imprimante 3D propriétaire: pas chère, performante, elle associe des consommables adaptés mais souvent médiocres et chers. Par ailleurs, si une entreprise avec l’assise financière de 3D Systems se permet d’abandonner un modèle sans pour autant lever les DRM, bloquant ainsi toute possibilité aux utilisateurs d’exploiter leur machine, qu’en sera-t-il d’une startup financièrement fragile?