Choisir sa première imprimante 3D
Choisir sa première imprimante 3D
Choisir sa première imprimante 3D n’est pas chose aisée. Deux articles précédents prétendaient pour l’un, vous aider à choisir une imprimante 3D parmi les nouveautés les plus en vue de l’année qui commence et l’autre, tentait de départager les imprimantes 3D dites « propriétaires » ou « libres ». Ce dernier opus vous aidera, je l’espère, à éclaircir votre arbre de décision si touffu, l’offre en imprimantes 3D étant pléthorique.
Il existe une catégorie d’imprimantes 3D que j’évoque rarement car elles me font systématiquement penser à un texte de Pierre Dac expliquant pas-à-pas comment construire son propre appareil photo. Je m’en étais fortement inspiré en écrivant un texte similaire mais adapté à l’impression 3D.
Je me moquais, à l’époque de ces prédicateurs de la quadrature du cercle qui rêvent d’autarcie mais qui promeuvent le partage gratuit d’informations. Ceux qui souhaitent interdire les interdits mais qui dans les faits régulent tout et rééduquent les déviants à coups de trique. Ceux qui sont friands de fric à condition qu’il ait été préalablement volé à ceux qui s’échinent à en gagner.
Fréquenter une « Maker Faire » en vous présentant comme commerçant c’est s’exposer à une lapidation ou pire, si comme moi, vous vous dites consultant et que vous vendez (horreur!) vos conseils.
Et pourtant! Si vous vous sentez capable d’affronter les odeurs de sueur, les barbes pleines de miettes de pain et les stands de merguez , alors enfilez promptement votre panoplie d’altercomprenant et allez à la rencontre des promoteurs de l’imprimante 3D en kit.
Quoique je puisse penser de la philosophie nauséabonde et mortifère qui prévaut dans ce genre de lieu où la faucille se dispute la vedette avec le marteau, il faut reconnaitre deux choses: l’entraide n’est pas un vain mot et des gens seront prêts à se mettre en quatre pour vous aider à monter le kit qui vous conviendra.
Un kit présente plusieurs avantages; outre l’expérience indiscutable que l’on acquiert indubitablement quand on se lance sérieusement dans ce genre de montage, vous choisirez, sous les conseils judicieux de nos tyrans en herbe ou accomplis, un café équitable ainsi qu’une liste précieuse d’éléments de qualité et compatibles entres eux.
Vous pouvez également acheter un kit tout prêt qui aura l’avantage de vous rassurer sur la compatibilité des pièces entres elles. Hélas, je n’ai encore jamais vu de « kit ultime » qui réuni le meilleur. J’imagine que la perle rare existe au vu de l’offre pléthorique mais les barbus à tee-shirt du Che sont rarement aussi bons en communication qu’en technique.
Pour ma part, je ne donnerai pas une liste détaillée des pièces nécessaires à l’érection de l’objet de vos désirs mais juste une série de conseils (gratuits!) sur l’essentiel.
La qualité essentielle d’une bonne imprimante 3D est sa rigidité. Celle du cadre, des tiges et du plateau et de toutes les pièces qui les lient. De cette rigidité dépend la précision, la vitesse et la réussite de vos impressions en 3D.
Le lit d’impression, souvent négligé, est une pièce essentielle car le calibrage de votre imprimante est le garant de vos impressions en 3D réussies. Il doit être parfaitement plat, ne pas se déformer à la chaleur et bien sûr être rigide. Par conséquent, il faut choisir un plateau en aluminium, métal bien plus rigide que l’acier. Réalisé à l’aide d’une table de découpe numérique, à jet d’eau de préférence (afin d’éviter la chauffe, donc la déformation de la pièce), le plateau aura une épaisseur d’au moins 3mm. Il faudra choisir une épaisseur supérieur si la surface dépasse les 20x20cm car plus la surface est importante, plus le lit d’impression sera sensible aux déformations.
Le cadre, la structure ou armature et lui aussi choisi de préférence en aluminium et d’une épaisseur minimum de 5mm, toujours pour assurer une rigidité parfaite au kit.
Les tiges sont également souvent négligées car ce sont des éléments que l’on trouve aisément en grande surface de bricolage. Or ces tiges sont en permanence soumises à des contraintes non négligeables, de torsion notamment. Par conséquent on choisira des tiges d’acier de catégorie 12.9 (très dure). Elles résisteront ainsi à toutes les contraintes mécaniques que j’ai évoquées ainsi que celle que j’aborde maintenant: la friction. Les tiges lisses comme les tiges filetées seront soumises à de grosses contraintes de friction. Certes, les pièces en mouvement comme les moteurs et l’extrudeur sont légères cependant elles se déplacent sur les tiges en permanence. Ces dernières seront donc soumises à une usure plus ou moins prononcée et rapide en fonction de la dureté des matériaux utilisés et de leur entretien par l’utilisateur.
Une pièce usée génère des décalages et une usure généralisée sur toute la chaîne cinématique génère un jeu final très important ce qui entraîne une imprécision terrible sur vos objets imprimés en 3D.
Les moteurs et les ventilateurs ne sont pas les pièces maîtresse de votre imprimante 3D en kit. Il est néanmoins impératif de rejeter les premiers prix afin d’éviter les pannes a répétitions mais fondamentalement il n’est pas nécessaire de se battre pour dégoter, à prix d’or, LE moteur que les geeks a tee-shirts crasseux s’arrachent. La condition essentielle est de le surdimensionner afin de pallier les contraintes que l’on a pas prévues au départ.
Par contre, l’électronique fait partie des éléments à sélectionner avec soin. Surtout ne pas suivre les conseils de l’idéologue anticapitaliste de salon qui tentera de vous aiguiller vers l’entrée de gamme chinoise à 2 euros au lieu de 100. La « marque » Arduino dispose d’une gamme bien conçue, bien documentée et somme toute assez fiable. L’électronique est aujourd’hui la clé qui fait la différence en terme de précision et de vitesse. Avec une carte standard, même haut de gamme, vous n’obtiendrez jamais l’équivalent des cartes dédiées et conçues en interne par un constructeur d’imprimantes 3D. Après tout, les constructeurs doivent impérativement justifier leur tarif élevé par rapport à votre kit même pourvu des meilleurs éléments du marché. Cependant rassurez-vous, c’est encore le savoir-faire qui fait la différence au final. Vos objets 3D, érigés sur votre kit monté par vos soins, n’auront rien à envier aux pièces imprimés en 3D par des professionnels aguerris sur des machines dix à cinquante fois plus chères. Il vous faudra simplement plus de temps et votre taux d’échec sera supérieur.
Enfin, les courroies devront être tendues à la perfection. Il convient donc d’une part, de pouvoir accéder facilement aux réglages de celles-ci et d’autre part de choisir des modèles dit « renforcés ».
Si vous ne deviez retenir qu’une chose de mon article indigeste, c’est le mot rigidité car c’est la base de la réussite de vos impressions en 3D. Vous constaterez hélas que le prix final du kit de vos rêve grimpera très vite en fonction des options choisies. Aussi assurez vous de disposer du temps, de la motivation et des compétences nécessaires si vous ne voulez pas que votre investissement finisse dans un placard et votre moral dans vos chaussettes. Si votre objectif c’est l’étude, la conception, la réalisation alors choisissez un kit. Si votre but c’est l’impression en 3D sans souci, sans subir l’esclavage des réglages, d’une maintenance ardue et de multiples déconvenues, alors optez pour une imprimante 3D d’un constructeur reconnu. Evitez l’exotisme, privilégiez les modèles réputés.
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